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Récit’Ag : N’ayez pas Peur !!

2008/08/31

Tout l’été, Intxauseta, le Théâtre des Nombreux Pâturages, a accueilli à Bunus les sculptures de Christophe Dumont… A l’occasion des “Rencontres d’Intxauseta” Koldo Amestoy a été invité à créer, en compagnie de Patrick Auzier et du musicien Jean-Christian Irigoyen, un spectacle qui redonnerait vie à l’une de ces sculptures. Pyrotechnie, donc, musique et conte pour une soirée qui a mis en émoi et en feux tout le vallon de Bunus.
Pour écrire ce Récit’Ag, Koldo a choisi le personnage de JP2 (prononcer “Jipitou”…) dont vous pouvez apprécier le portrait… “Il a l’apparence d’un petit pape tranquille, coiffé d’une tiare et mains croisées sur sa crosse. Or, ses yeux brillent d’une lueur étrange, diabolique même. Christophe Dumont son créateur le nomme aussi “N’ayez pas peur”, comme pour nous rassurer… car son bonhomme de métal s’éclipse parfois de son atelier….” C’est ainsi que JP2 s’est fait ce soir-là le pape d’une “certaine” agriculture…

Extrait du Récit’Ag de Koldo Amestoy :
– En premier, ton syndicat agricole, ton seigneur et maître, tu vénéreras… humblement. Ala fede, euskaldun eta fededun, bagaituk ez gaituk ?…
– En deuxième, quand le nom de ton syndicat on évoquera, la politique de développement de l’agriculture compétitive et rentable prônée par lui, en mémoire te reviendra, et à cette idée tu te soumettras… immédiatement, et respectueusement. Hala izan dadila, orain eta geroan ere, han, eta hemen batezere ! Hala ez bada, halabiz !
– En troisième, à l’implantation du modèle d’agriculture industrielle, productiviste et innovante, par tes actes et tes affirmations, tous les jours de la semaine tu coopéreras, et durant la nuit tu y songeras… voluptueusement. A! Bai ! Zatoz, zato fite !… Bai !… Bai !…
– En quatrième, pour l’exploitation qu’ils t’ont transmise, tes parents tu honoreras, et dès le lendemain, auprès de ta banque tu te rendras. Avec sa totale confiance, coûte que coûte les moyens techniques les plus récents et performants chez toi, tu installeras. Et guider par leur logique, tu te laisseras…  aveuglément, tout bonnement.  Itsutuki, aitamen erranetarik beti ibili bazina bezala !…
– En cinquième, en tant qu’entrepreneur agricole, les risques que l’économie actuelle impose, notamment ceux que tu partages avec ton co-loca-terre et client, le consommateur, ces risques-là, tous, tu les prendras… inconsidérément. Inévitablement. Duda izpirik gabe ! Nolaz ez ? Eta nola aitzinatu eta indartu bestela ?
– En sixième, pour accroître et améliorer ta production, le jardin potager, le verger, la vigne, la haie, le fossé, le chemin, le talus, le ruisseau, l’arbre isolé, le bosquet, la lande, tu supprimeras… bien proprement, et définitivement. Ez baitiagu denborarik denetaz okupatzeko, eta eremuak emendatu behar, kontxo !
– En septième, au monde entier tu t’ouvriras, ton pays tu sublimeras, ton village tu flatteras et, la bonne image de ton voisin producteur fermier, tu détourneras… discrètement. Ez dik “seurki-ta-hale”, oraingo laborantza berriak, horrelako “herresta itxura” beharrik !
– En huitième, les expressions et sigles : agriculture paysanne et raisonnée, développement durable, moratoire sur les OGM, produit biologique, souveraineté alimentaire, biodiversité, production  locale, engrais naturels, énergies renouvelables, AMAP, respect de l’environnement, commerce équitable, écosystème, qualité de l’eau, changement climatique, économie d’énergie, dépendance au marché, prise de conscience écologique,… tout cela, de ton esprit et de ton vocabulaire quotidien, tu banniras… consciencieusement. Hobe ! Hobe segurki ! Erran-molde berri horiek guziak euskarara itzultzeko, deabruen lana baita !
– En neuvième, les biens de ton prochain, ses terres, ses bâtiments d’exploitation, son tracteur, son matériel, sa remorque, sa maison d’habitation, son 4×4, son épouse, et même sa fille aînée, tu convoiteras… avidement, évidemment ! Gure etxean hobekiago izanen baitituk, auzokoan baino !! Ase on bat hobe baita, bi gose baino !
– En dixième, de tes certitudes ton fils tu pétriras, à ton image tu le façonneras, et afin qu’il poursuive ton œuvre, bien comme il faut, tu le nantiras. Pour cela, toutes sortes de stratégies tu déploieras… astucieusement, et légalement, il va sans dire. Gure herriko laborantzak merezi duen segida eta geroa ukan dezan ! Bistan dena ! (…)
Koldo Amestoy, août 2008

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